Le musée d'Orsay jusqu'au 22 janvier (Edvard Munch. Un poème de vie, d’amour et de mort) et le Musée D'art Moderne de Paris jusqu'au 12 février 2023 (Oskar Kokoschka. Un fauve à Vienne) exposent l'expressionnisme à travers deux rétrospectives d'envergure qui nous plongent aux racines de ce courant artistique majeur.
L'oeuvre de Munch (1863-1944) occupe dans la modernité artistique une place charnière. Elle plonge ses racines dans le XIXe siècle pour s'inscrire pleinement dans le siècle suivant. Son oeuvre tout entier des années 1880 à sa mort, est porter par une vision du monde singulière lui conférant une puissante dimension symboliste qui ne se réduit pas aux quelques chefs-d'oeuvre qu'il a créés dans les années 1890. Tout au contraire, ce catalogue propose une lecture globale de son oeuvre mettant en avant la grande cohérence de sa création, plutôt que d'opposer un symbolisme fin-de-siècle à un expressionnisme qui ancrerait Munch dans la scène moderne. Son approche picturale se construit principalement à partir de cycles ; Munch exprime fréquemment l'idée que l'humanité et la nature sont inexorablement unies dans le cycle de la vie, de la mort et de la renaissance. Dans ce cadre, il élabore une iconographie inédite, en grande partie inspirée par les philosophies vitalistes, notamment de Friedrich Nietzsche et d'Henri Bergson. Cette notion de cycle intervient ainsi à plusieurs niveaux dans l'oeuvre de Munch. Elle y est présente aussi dans la construction même de ses toiles, où certains motifs reviennent de façon régulière. Ce que ce livre nous propose de nouveau : une nouvelle lecture de la création de cet artiste aux oeuvres autant remarquables qu'insolites.
« Avec mon art j'ai cherché à m'expliquer la vie, j'ai essayé de comprendre mon destin. J'ai aussi cru que je pouvais aider les autres à comprendre leur vie. » Ce livre propose une sélection des impressions et annotations réunies par Edvard Munch (1863-1944) dans ses carnets. Évenement : du 20 septembre 2022 au 15 janvier 2023, grande exposition sur Edvard Munch au Musée d'Orsay
Le musée d'Art moderne de Paris consacre l'une des premières rétrospectives en France à l'artiste autrichien Oskar Kokoschka (1886-1980). Montrant la force avec laquelle Kokoschka a défié la création artistique de son temps, Oskar Kokoschka. Un Fauve à Vienne réunit une sélection unique des oeuvres les plus significatives de l'artiste. Dans sa structure et son contenu, le catalogue suit le parcours riche de l'artiste naviguant entre les villes et pays qu'il traverse (Vienne, Dresde, Paris, Prague, Londres, Suisse), retraçant sept décennies de création - de 1907 à 1973 - et rend compte de l'audace dont Oskar Kokoschka, témoin des grands bouleversements du siècle, fit preuve dans son approche de la peinture. Didactique, l'ouvrage s'appuie pour chaque section sur des textes de contextualisation, une chronologie et une riche documentation composée d'illustrations et d'écrits de l'artiste. Il est complété par des essais de spécialistes reconnus et par un texte de Maryline Desbiolles rendant hommage à la poésie de l'artiste.
Catalogue officiel de l'exposition À fleur de peau. Vienne 1900, de Klimt à Schiele et Kokoschka au Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne du 14 février au 23 août 2020. Pour sa première exposition temporaire dans son nouveau bâtiment, le Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne a choisi de mettre en lumière un des épisodes les plus marquants du tournant du XIXème siècle : la contribution de la scène artistique viennoise à la naissance de l'art moderne, qui est un des épisodes les plus extraordinaires de l'histoire de l'art européen. On sait le rôle essentiel joué par Gustav Klimt, Egon Schiele et Oskar Kokoschka dans les beaux-arts, par Otto Wagner, Joseph Hoffmann et Koloman Moser dans l'architecture et les arts appliqués. Le présent ouvrage commente l'oeuvre de ces grands artistes, ainsi que celui de nombreux créateurs engagés à leurs côtés dans le combat pour un art qui change la vie. Il propose une lecture thématique inédite de la période comprise entre 1897 (fondation de la Sécession viennoise) et 1918 (dissolution de l'Empire austro-hongrois). Grâce à la réunion d'un riche corpus d'oeuvres et aux contributions de spécialistes qui abordent aussi l'apport des sciences médicales, de la théosophie et de la psychanalyse, il retrace l'émergence d'une sensibilité nouvelle, exprimée par un travail plastique se focalisant sur la peau. C'est en explorant les mystères de cette surface sensible que les Modernes viennois vont redéfinir les rapports entre l'homme moderne et le monde, l'objet usuel et son environnement, le bâtiment et la rue.
Matthias Grünewald est un des plus grands artistes du monde germanique. Contemporain de Dürer et de Holbein, auteur des peintures du Retable d'Issenheim, dessinateur prodigieux, son style singulier en fait un « visionnaire », dont les compositions fascineront les expressionnistes.
Les dernières découvertes biographiques permettent de mieux cerner la personnalité encore mystérieuse de cet artiste à la fois ingénieur des mines, fontainier, en même temps que peintre. Fautes de preuves archivistiques sur ses déplacements éventuels, les dettes stylistiques et les emprunts iconographiques laissent voir un dialogue fascinant avec les oeuvres de Mantegna et, peut-être, l'art de Léonard de Vinci, confrontation qui sera discutée. Cette singularité, la conscience qu'en ont eu très tôt ses contemporains, font l'objet d'un large chapitre, parallèlement à l'examen de son oeuvre. Sa technique picturale, hautement symbolique en ces temps travaillés par l'alchimie, étudiée en détail par le Centre de recherche et de restauration des musées de France, fait ici l'objet d'un chapitre rédigé par un de se membres. La dernière partie de l'ouvrage traite de la postérité de Grünewald sa redécouverts par des érudits au XIXe siècle puis sa célébration par des écrivains comme Huysmans en font une figure mythique vénérée par les artistes les plus importants des avant-gardes : Picasso, Matisse, Bacon, Pollock, Jasper Johns, Antonio Saura, tous sensibles à la fantastique puissance mnémonique des oeuvres de l'artiste. Richement illustrée, l'approche iconographique et plastique du corpus grünewaldien est exceptionnellement servie ici par le matériau macrophotographique des clichés des spécialistes du Centre de Recherche et de restauration des musées de France (C2RMF) réalisés lors de la campagne d'étude menée à Colmar, au musée d'Unterlinden, et dans les musées détenteurs d'oeuvres de Grünewald. Aucun ouvrage, publié récemment, ne propose un tel ensemble d'illustrations ni ne réunit autant de données biographiques ou historiographiques sur l'artiste et ses oeuvres.
Ce live a reçu le Prix du syndicat national des antiquaires en 2013.
Pourquoi réunir le temps d'une exposition Ferdinand Hodler, Claude Monet et Edvard Munch ? Parce que ce sont des peintres essentiels de la modernité européenne, entre impressionnisme, post-impressionnisme et symbolisme. Parce que leurs oeuvres s'avancent dans le XXe siècle - jusqu'en 1918 pour Hodler, 1926 pour Monet et 1944 pour Munch - et qu'elles ont exercé une influence déterminante dans l'histoire de l'art.
Mais, plus encore, parce qu'ils ont, tous les trois, affronté des questions de peinture en apparence insurmontables, avec la même constance et au risque d'être incompris. Comment peindre de face l'éclat éblouissant du soleil, avec de simples couleurs sur une simple toile ? Comment peindre la neige ? Comment suggérer les mouvements et les variations de la lumière sur l'eau ou sur le tronc d'un arbre, malgré l'immobilité de la peinture ?
« J'ai repris encore des choses impossibles à faire : de l'eau avec de l'herbe qui ondule dans le fond... c'est admirable à voir, mais c'est à rendre fou de vouloir faire ça. » Ces mots sont de Monet, mais ils pourraient être ceux du peintre qui, jusqu'à sa mort, s'obstine à étudier l'horizon des Alpes depuis sa terrasse, de l'aube au crépuscule - Hodler. Ou de celui qui revient inlassablement - jusqu'à la dépression - sur les mêmes motifs colorés, une maison rouge, des marins dans la neige, le couchant - Munch. Tous trois ont mis la peinture à l'épreuve de l'impossible. Coédition Editions Hazan/Musée Marmottan Monet. Ouvrage bilingue anglais/français.
« On ne peut plus peindre des intérieurs avec des hommes qui lisent et des femmes qui tricotent. On peindra des êtres vivants qui respirent et qui sentent, qui souffrent et qui aiment. » E. Munch
Edvard Munch. Musée d'Orsay.
Le célèbre peintre du cri est à l'honneur d'une exposition présentée au musée d'Orsay. Mais au-delà de ce tableau mythique, Edvard Munch reste un artiste plutôt méconnu. Ce hors-série propose de décrypter son processus créatif singulier et découvrir la diversité de sa pratique artistique
Munch a écrit sa vie durant : poèmes, notes, listes de toutes sortes, lettres, cartes postales, télégrammes... La collection du Munchmuseet d'Oslo compte plus de 12000 manuscrits de sa main, dont une sélection est réunie dans ce petit livre.
Illustré par une sélection d'oeuvres phares, ainsi que par des photos issues des archives du Munchmuseet, cet ouvrage au graphisme élégant, introduit par le papier kraft de couverture, offre l'accès à une lecture intime et sans filtre de l'oeuvre du peintre, pour compléter et prolonger la visite de l'exposition-événement du musée d'Orsay. L'art pour Munch est une « confession », la voie pour expliquer « la vie et son sens », pour offrir aux autres « une lueur de vérité » qui puise son inspiration dans la nature. Cette soif de révélation se mesure à l'aune de ses compatriotes, des « ennemis », qui, dans la presse, avec « le gaz toxique des mots », brisent « la force de travail » du peintre, tandis que ses amis, en France ou en Allemagne, l'empêchent grâce à leurs commandes « de crever la faim ». La santé du peintre est fragile, il se noie dans l'alcool et dans le « poison » des femmes, puisque l'amour « ne laisse derrière lui qu'un tas de cendres ». Mais si « un estomac déréglé provoque de mauvaises pensées », il aiguise une sensibilité exacerbée rendue dans ses notes au caractère incisif.
Exposition au musée d'Orsay du 19 septembre 2022 au 22 janvier 2023.
Il n'avait pas eu d'exposition depuis 10 ans... Le musée d'Orsay consacre une grande rétrospective au peintre des tourments intérieurs et de l'angoisse existentielle, de la vanité de l'amour et de l'inéluctable solitude des hommes. Acteur de la bohème de Christiana - l'actuelle Oslo -, génie de la peinture, ami d'August Strindberg, voyageur infatigable, Edvard Munch (1863-1944) rompt très tôt avec le naturalisme pour explorer une voie plus symboliste, après avoir rencontré Stéphane Mallarmé lors d'un séjour à Paris. Ses toutes premières toiles sont très inspiréesdes impressionnistes, de Degas ou de Caillebotte, mais aussi de Gauguin, Toulouse-Lautrec, Whistler ou Redon. Après avoir épuisé la voie de l'expressionnisme, il peint jusqu'à la fin de sa vie dans une veine plus réaliste, libérée de ses tensions intérieures. Il reprendra constamment thèmes et compositions en peinture, en gravure ou en lithographie. Participant sans aucun doute de l'avant-garde, la photographie jouera un grand rôle dans son travail et il inspirera nombre d'artistes (Bacon, Warhol) et de cinéastes (Murnau, Bergman et Lars Von Trier). Beaux Arts Éditions revient sur son oeuvre, en analyse chaque période et montre comment il a participé à la modernité.
Au-delà du Cri, que sait-on de la vie et de l'oeuvre d'Edvard Munch (1863-1944) ? Cet ouvrage est une biographie romancée du peintre, centrée sur son rapport aux femmes. Traumatisé par les drames de son enfance, blessé par une liaison tumultueuse avec Tulla Larsen, obnubilé par la liberté nécessaire à sa création, tourmenté par le désir, Munch eut une relation très ambivalente avec les femmes, tant dans sa vie que dans son art. Son tableau La Danse de la vie, peint en 1899-1900, est une traduction de ses anxiétés et de ses désarrois. Munch était certes angoissé, voire obsédé par un fantasme de femme destructrice, mais, pour autant, il n'était pas misogyne. Le monologue fictif qui lui est ici prêté donne aussi la parole à deux femmes qui lui furent proches.
« La tâche de l'artiste [...] est inchangée : figurer l'homme. » Oskar Kokoschka.
Kokoschka. Musée d'art moderne de Paris.
Grand maître de l'expressionnisme, élève de Klimt, Oscar Kokoschka est un maître de la couleur. Ce hors-série qui accompagne l'exposition monographique que lui consacre le musée d'art moderne de Paris explore l'ensemble de la carrière de celui qui s'est intéressé aux genres, au portrait, au paysage, et même à la peinture d'histoire.
En traversant le xxe siècle et l'essentiel de ses drames (la Première Guerre mondiale au cours de laquelle il sera grièvement blessé, puis le régime national-socialiste qui rangera son oeuvre parmi l'art dégénéré), Oskar Kokoschka (1886-1980) pourrait passer sans doute, contre son gré, pour l'archétype de l'homme européen du siècle dernier. Après une naissance en Autriche- Hongrie, voilà bientôt une existence qui se déplace incessamment : Vienne, Dresde, Prague et Londres (à titre d'exil), et puis la Suisse enfin (sans oublier l'Afrique du Nord, le Proche-Orient et les États-Unis). On a retenu le plus souvent le peintre qu'il fut, élève de Gustav Klimt, pour perdre un peu de vue ses talents de graveur, de dessinateur, de décorateur (de théâtre notamment).
Et plus encore son oeuvre d'écrivain et d'auteur dramatique, sans oublier non plus ses nombreux essais et articles, et l'autobiographie qu'il rédigera en 1971. Parmi ses oeuvres de fiction brille d'un feu tout particulier Les garçons rêveurs, un texte poétique à l'onirisme revendiqué, qui voit le jour en 1907, accompagné de huit lithographies originales réalisées alors par Oskar Kokoschka. À ce texte, il a semblé judicieux d'adjoindre une courte nouvelle intitulée :
Le blanc-tueur, jusqu'à ce jour inédite en français, et qui doit être regardée, car déclarée comme telle par son auteur, comme la suite de ces garçons rêveurs. Ces deux textes auront au moins déjà pour grand mérite de nous faire découvrir un Oskar Kokoschka faisant part de son goût pour la plus grande des libertés. Un créateur exceptionnel, pluriel, bien trop souvent et facilement catalogué chez les expressionnistes, alors qu'il n'aura pas manqué lui-même de déclarer :
«Je n'ai pris part à aucun mouvement. Je suis expressionniste parce que je ne sais pas faire autre chose qu'exprimer la vie.»
De Kokoschka, on retient surtout en France les peintures viennoises des années 1910, celles qui le rattachent à la Sécession, à Klimt et à Schiele dans l'"? apocalypse joyeuse ? " de l'empire austro-hongrois. C'est risquer d'ignorer que ce peintre bientôt exilé se sentit toute sa vie beaucoup plus proche de l'art grec et baroque, qu'il pensait sans frontière, que de tous les mouvements ponctuels et des étiquettes mortifères de la critique ? ; et que, loin de se contenter de capter dans des portraits d'aristocrates phtisiques une ambiance de fin de monde, il fut un inlassable objecteur de conscience, résolu à ouvrir les yeux de ses contemporains à la dimension proprement culturelle des catastrophes passées et à venir.
Le présent recueil d'articles, de conférences et d'essais remédie à ce danger en donnant la parole à Kokoschka lui-même. Cet ensemble de textes choisis en 1975 par l'auteur comme les plus représentatifs de sa pensée et de son engagement en matière d'art, est inauguré par les quelques brefs mais denses essais d'esthétique de sa jeunesse, où il énonce la conviction qu'il ne fera au fond que déplier et réaffirmer par la suite ? : celle du primat en art de la "? conscience ? " individuelle de l'artiste, chargé de garder les yeux ouverts, de transmettre sa vision singulière à autrui et ainsi de mettre en forme et d'humaniser le monde.
Cette formule, où il décèle l'essence même de l'art et du concept d'humanité tel que la culture européenne l'a hérité des Grecs, il en relève ensuite l'illustration idéale chez les artistes qu'il admire - Altdorfer, Rembrandt, Maulbertsch, Van Gogh, Munch... - et la faillite complète chez ceux qu'il pourfend avec une férocité constante ? : les artistes abstraits à partir de Kandinsky, responsables selon lui du bannissement de la figure humaine et du monde hors de l'art, et donc complices d'un appauvrissement de notre expérience qui aurait concouru aux atrocités du XXe siècle.
C'est que les prises de position de Kokoschka excèdent amplement la discussion esthétique. S'élargissant aux dimensions d'une critique culturelle, elles font retour sur des moments-clefs de l'histoire de l'Europe - théâtre selon lui, depuis les guerres médiques, d'un affrontement permanent entre les penchants humains et barbares de l'homme - pour détecter des tendances de fond et mieux agir sur le présent.
Le peintre se distingua en effet par son action dans le domaine de la pédagogie, documentée dans la troisième partie par les textes issus de son expérience d'"? Ecole du regard ? " à Salzbourg de 1953 à 1964, dans laquelle il offrit à plusieurs centaines de jeunes gens de leur apprendre à "? voir de leurs propres yeux ? ". La quatrième partie, enfin, retrace quelques étapes décisives de son propre parcours et réaffirme les principes qui guidèrent notamment son oeuvre de portraitiste, d'allégoriste, de dessinateur et même de scénographe.
C'est dire que ce volume, révélant l'écrivain, inconnu en France, qui double le peintre Kokoschka, enrichit l'expérience d'une peinture novatrice qui sut réactualiser la tradition pour penser le présent, tout en méritant d'être rangé parmi les ouvrages remarquables de la Kulturkritik du XXe siècle.
Les cinq textes rassemblés dans ce recueil ont été écrits à diverses périodes de la vie de Kokoschka. Ils s'étendent des années agitées que le jeune peintre expressionniste passe à Berlin, à Vienne ou sur le front de l'Est pendant la Première Guerre mondiale, jusqu'aux épisodes de sa vie amoureuse et aventureuse à Chypre, en Afrique et ailleurs.
Munich, 1918. Hermine Moos, costumière de théâtre, reçoit du peintre Oskar Kokoschka une étrange commande : fabriquer une poupée grandeur nature à l'image exacte d'Alma Malher, sa maîtresse perdue. Tandis que la marionnette prend corps, sa conceptrice note dans un cahier le trouble que lui inspire cette folle entreprise. D'autant que les exigences du « maître » ne semblent connaître aucune limite. Mais au fil de ce journal intime, l'obsédante créature de chiffon cède bientôt la place à l'autoportrait d'une artiste bohème dans une société allemande entre débâcle et révolution. Et la jeune femme qui se dessine alors, modeste et iconoclaste, solitaire et émancipée, nous entraîne dans le libre dédale de ses désirs les plus insoupçonnés. S'inspirant d'une histoire authentique, La poupée de Kokoschka réinvente sa version secrètement féminine au moyen d'une langue émotive et concrète. Une fiction qui interroge, dans l'acte de création comme dans le pacte amoureux, la monstruosité de tout fantasme de possession.
Ce livre illustré de huit lithographies en couleurs - Les Enfants qui rêvent - propose un conte écrit et illustré par Kokoschka et publié en 1908, dédié par l'artiste à Gustave Klimt, son maître.Le graphisme porte l'empreinte de l'Art Nouveau: l'arabesque conduit les figures dans des paysages idylliques, une nature mystique comme chez Hodler. Les illustrations comme le texterelèvent du songe, du rêve érotique. Nuits étoilées, voyages sur mer et fuite hors du temps, désirs amoureux, végétation paradisiaque et fantastique manifestent un univers imaginaire.Peintre autrichien, Oskar Kokoschka (1886-1980) a été l'élève de Gustav Klimt. Très vite il s'éloigne de l'Art Nouveau: et suit une voie expressioniste. Il s'installe d'abord à Berlin ensuite à Dresde (1919-1924), après avoir été gravement blessé pendant la Première Guerre. Rentre à Vienne en 1933 qu'il quitte pour Prague oú il rencontre celle qui deviendra sa femme, Olda Palkowska. Son art considéré 'dégénéré' l'oblige à partir d'abord à Londres avant de se fixer définitivement à Villeneuve, en Suisse. La Fondation Kokoschka est accueillie au Musée Jenisch de Vevey
Françoise Ascal est poète. Sa découverte du retable d'Issenheim à Colmar, oeuvre du peintre Mathias Grünewald, fut un évènement marquant. Grünewald, le temps déchiré en est le poème.
Entre 1994 et 1996, le peintre Gérard Titus-Carmel, avec lequel Françoise Ascal a déjà collaboré, réalise un vaste ensemble de dessins intitulé Suite Grünewald. Quelques-uns d'entre eux accompagnent le poème. Ces deux lectures-écrite et picturale- entrent ici en résonance. L'une comme l'autre témoignent d'une âpre confrontation avec la radicalité du chef-d'oeuvre de Grünewald.
EXTRAIT « je vous écris du haut d'un promontoire de cinq siècles un promontoire sans horizon cerné de barbelés de miradors de drones survolant des terres occupées des villes détruites un promontoire habité par des luttes fratricides gouverné par des appels aux meurtres de votre siècle au nôtre l'humanité n'a pas grandi [...] »
Très jeune, Munch (1863-1944), fils d'un médecin militaire norvégien, perd sa mère et sa soeur. Ces deux morts marquent à vie l'art de Munch; dans toutes ses peintures, elle n'est jamais loin et fait partie de ses thèmes de prédilection, avec l'amour et la douleur. Il se retrouve dans la philosophie nihiliste de Nietszche et pessimiste de Schopenauer.
Plus tard, l'angoisse, la jalousie, la haine que l'on retrouve dans ses tableaux prennent une portée universelle et ne renvoient plus qu'à sa seule souffrance, mais à celle de l'humanité toute entière. La Frise de la Vie, présentée au public en 1902 et composée de La Voix, Cendres, Le Cri et Anxiété, est l'une de ses oeuvres majeures, synthèse de ses hantises.
Il est considéré, pour son univers si particulier et les thèmes qu'il aborde, comme le pionnier de l'expressionnisme, courant qui prend forme dans l'Allemagne des années 30.
Peintre de la mélancolie, de la solitude et de l'angoisse mais aussi peintre de l'âme, Edvard Munch est l'un des grands noms de l'art moderne. Le Cri (1893), son chef-d'oeuvre, est aussi célèbre que la Nuit étoilée (1889) de son contemporain Van Gogh, artiste génial et torturé auquel il est parfois torturé. Munch aurait bien pu finir comme ce dernier. Constamment au bord de l'abîme, il traverse la vie en étant marqué par le deuil, poursuivi par la maladie et l'insécurité. Le peintre norvégien doit aussi affronter l'imncompréhension du public, parfois le scandale. Rejetant le naturalisme, Munch s'inscrit dans la mouvance expressionniste et symboliste. Peintre littéraire (parfois rapproché d'Ibsen), filant des thèmes obsessionnels, Munch est un brillant coloriste, d'un rare intensité psychologique. Exprimant ses émotions profondes, il fait de son art un véritable outil de catharsis, "un examen de conscience et une tentative de comprendre (ses) rapports avec l'existence".
Cet ouvrage abordera la mélancolie exprimée par Munch à travers son oeuvre peint et gravé, ses relations à l'expression de la sensualité et l'érotisme féminin (souvent teinté d'angoisse), ses paysages lyriques et parfois violents.
Une silhouette chauve, fantomatique, sur un pont sous un ciel jaune orangé. Ses mains sont crispées sur ses oreilles, sa bouche s'ouvre en un gémissement qui vous hante. En peignant Le Cri, Edvard Munch (1863-1944) a créé la Joconde de notre époque. Le hurlement de cette icône résonne dans le monde entier, et son écho retentit dans l'oeuvre d'artistes comme Andy Warhol, Jasper Johns, Martin Kippenberger, Marlene Dumas ou Tracey Emin.
Cette monographie dévoile le stupéfiant talent de Munch pour le psychodrame, dans Le Cri comme dans ses autres oeuvres. À travers de nombreuses illustrations, le livre éclaire sa vision crue, sombre et profondément moderne qui constitue la réaction sensible de l'artiste face aux relations humaines et aux émotions. Ces images captivantes, que l'artiste considérait lui-même comme une «confession spontanée», demeurent autant magnétiques aujourd'hui qu'elles l'étaient au début du modernisme.
Grâce à cette exposition consacrée à Munch, découvrez l'oeuvre de cet artiste norvégien, dont les toiles - portraits, autoportraits ou paysages - sont marquées par la maladie, la mort, la souffrance et l'angoisse de la vie.
Et seul l'expressionnisme pouvait lui permettre de retranscrire ses émotions, de se confronter à sa propre personnalité. Le peintre introduit souvent dans es oeuvres un langage codé, les motifs sont stylisés et les couleurs elles-mêmes ont un rôle symbolique.
Si on ne peut nier à Munch de côtoyer les démons, on ne peut pour autant réduire cette angoisse à son appartenance à la culture nordique. Si cet art prend les tripes c'est d'abord qu'il procède sans artifices.