«Parler aux hommes le langage de tous les hommes et leur parler cependant un langage tout neuf, infiniment précieux et simple pourtant comme le pain de la vie quotidienne, nul poète, avant Éluard, ne l'avait fait si naturellement. Transmuer en une sorte d'or vierge l'aspect des joies et des douleurs communes à tous, pour en faire éclater la splendeur unique, Éluard fut capable de cela plus intensément et plus aisément que nul autre. L'amour la poésie, ce titre (que je trouve follement beau), n'est-ce pas la formule exacte qui en coiffant impérieusement la vie permet de la renouveler ? La plupart des poètes ont célébré l'amour. Combien sont-ils, à la réflexion, qui l'aient porté en eux toujours et qui en aient imprégné leur oeuvre à la manière d'Éluard ? Capitale de la douleur, L'amour la poésie, je vois en ces livres des tableaux de la vie commune telle que par l'amour elle est rendue poétique, c'est-à-dire illuminée. Il n'est personne qui, pour un temps bref au moins, n'ait fait l'expérience de pareille illumination, mais les avares et les prudents ont la règle de rabaisser les yeux au plus vite, tandis que la leçon d'Éluard est de substituer définitivement le monde ainsi transfiguré à l'ancien et de s'en mettre plein la vue et plein les doigts sans avoir peur de se déchirer à ses aigus sommets.» André Pieyre de Mandiargues
Recueil issu de Capitale de la douleur suivi de L'amour la poésie, (Poésie/Gallimard)
« La courbe de tes yeux fait le tour de mon coeur...», « Elle est debout sur mes paupières...», « Je t'aime pour toutes les femmes / que je n'ai pas connues...» : les poèmes d'amour d'Éluard ont sans doute été moins chantés que ceux d'Aragon, mais leur musique s'écoule comme une eau claire dans la mémoire de ceux qui le lisent. Il faut dire que l'amour est au coeur de son oeuvre. Amour, libre et fou, qu'il vouait à Gala en pleine révolution surréaliste. Amour passion pour Nusch dont la disparition prématurée le plonge dans l'abîme. Amour de la maturité pour Dominique rencontrée en 1949 au Congrès mondial pour la paix. Trois femmes, trois visages qui l'auront fait passer « de l'horizon d'un seul à l'horizon de tous ». Lisez les poèmes qu'il écrivit pour elles : ils ouvrent les portes du soleil.
?En 1937, dans L'Évidence poétique, Eluard écrivait : « Depuis plus de cent ans, les poètes sont descendus des sommets sur lesquels ils se croyaient. Ils sont allés dans les rues, ils ont insulté leurs maîtres, ils n'ont plus de dieux, ils osent embrasser la beauté et l'amour sur la bouche, ils ont appris les chants de révolte de la foule malheureuse et, sans se rebuter, essaient de lui apprendre les leurs. » Ainsi, dans cette anthologie de citations qui date de 1942, il affirme une nouvelle fois cette conception d'une poésie qui accueille aussi bien la parole involontaire, souvent populaire, fruit du hasard dans lequel le dire dépasse le « vouloir dire », et la parole intentionnelle où affluent les images, les combinaisons nouvelles, les jeux de répétitions et échos sémantiques. Un dialogue est ainsi ouvert entre les tenants de ces deux paroles, abolissant toute conception bourgeoise de la poésie et confirmant l'optimisme Eluardien en une fraternité à laquelle il aspire.
La particularité de ce recueil tient également en son dispositif de lecture : selon un ordre chronologique, en page de gauche (paire) s'affiche la poésie involontaire, en page de droite (impaire), la poésie intentionnelle. Voisinent de la sorte - et parmi d'autres - le facteur Cheval et Léon-Paul Fargue, Jacques Rigaut et Blaise Cendrars, la Religieuse portugaise et Salvador Dalí. À noter : les écrivains les plus prestigieux sont parfois classés parmi les poètes involontaire, tels Honoré de Balzac ou Dickens qui rejoignent Dame Tartine et Nicolas Flamel. Une anthologie très personnelle donc, où humour et scandale font toujours bon ménage.
Les textes réunis dans cet ouvrage, publié pour la première fois en 1963 puis réédité en 2008 et aujourd'hui, complètent l'art poétique de Paul Eluard intitulé Donner à voir. Ils couvrent une période de trente ans, de 1920 à 1952, année de la mort du poète.
Le Poète et son ombre est composé de textes provenant de plaquettes à tirage limité, de catalogues rares, de revues aujourd'hui introuvables. Il s'agit essentiellement de notes sur la poésie, de prières d'insérer pour des livres d'amis, de préfaces à des expositions de peintres, de fragments de conférences. Ordonnés sur un mode chronologique, ces textes suivent l'itinéraire d'Eluard, de la Révolution surréaliste à son engagement pour la paix, la justice et la liberté.
Les critiques ont souvent parlé de la « magie poétique » d'Eluard, dont la puissance d'enchantement, l'étonnante pureté, la transparence leur paraissaient inexplicables. La même remarque pourrait être faite à propos des textes qui composent Le Poète et son ombre. Lorsqu'il parle de ses amis poètes ou des peintres qu'il aime, Eluard s'exprime avec naturel et sait donner le sentiment de l'évidence. « L'écoutant, on laisse tomber ses armes... », disait Francis Ponge. Le texte critique est l'ombre portée d'une lumière.
Inconnue, elle était ma forme préférée.
Celle qui m'enlevait le souci d'être un homme.
Et je la vois et je la perds et je subis.
Ma douleur, comme un peu de soleil dans l'eau froide.
Recueil emblématique du XXe siècle et oeuvre majeure de Paul Éluard, Capitale de la douleur cristallise l'intensité du sentiment amoureux. Profondément meurtri de voir la femme qu'il aime s'éloigner de lui, l'auteur rédige des poèmes où le rêve côtoie le désir, où le « je » est universel. Des textes, qui comptent aujourd'hui parmi les plus beaux poèmes d'amour : « L'amoureuse », « La courbe de tes yeux fait le tour de mon coeur »... (Chacun de nous, dans la traversée de l'absence de l'être aimé, peut s'y reconnaître). De nombreux poèmes portent les noms d'artiste de l'époque : Pablo Picasso, André Masson, Paul Klee, Max Ernst, Georges Braque, ou encore Joan Miró.
Paul Éluard aimait lire les poètes. Il affirmait que la plus belle anthologie est celle que l'on compose pour soi, et il a réalisé en ce domaine l'une des plus toniques et surprenantes explorations de la poésie française à travers les siècles. En ce qui concerne son oeuvre personnelle, il a également, à pusieurs reprises, proposé des choix par lesquels il entendait suggérer un parcours allant de recueil en recueil et qui révélait à l'évidence l'unité foncière de sa démarche, la permanence de sa voix. C'est l'ultime recension voulue par Paul Éluard lui-même, peu de temps avant sa mort, qui se trouve ici rassemblée, avec pour titre l'un des vers où il apparaît en poète de l'appel, de l'offrande, en poète qui veut l'accueil, l'écoute, l'harmonie et l'amour. Tous les chemins suivis, toutes les émotions, tous les désirs, toutes les solidarités, tous les engagements tissent non pas un labyrinthe mais une échappée fragile et lumineuse, une quête sans cesse alertée, qui ne refuse pas les combats du monde tout en préservant une grâce singulière, une magie douce, une inapaisable tendresse. Avec cette anthologie, c'est toute la poésie d'Éluard qui se donne en partage. En elle, à toutes les pages, se lèvent un chant, une merveille, un visage qui savent se faire aimer.
Ce volume, devenu un classique incontournable de la poésie sentimentale et érotique, rassemble les poèmes de Paul Eluard dédiés à l'amour, écrits durant les dix dernières années de sa vie : Une longue réflexion amoureuse (1945), Le Dur Désir de durer (1946), Le temps déborde (1947), Corps mémorable (1948) et Le Phénix (1951). Moderne et lyrique, Eluard choisi le vers libre, exempt de toute ponctuation, pour chanter la femme divinisée et déclarer sa flamme à ses muses et compagnes, de Nusch à Dominique, en passant par Jacqueline. Comme le note Jean-Pierre Siméon dans la préface, Derniers poème d'amour est l'« un des opus sacrés de l'adolescence, un bréviaire insolent où puiser, à chaque instant d'ombre et d'abandon, telle ou telle de ces formules dont la jeunesse a besoin pour oser le pas... »
Cette anthologie commentée est la première à réunir les textes en prose et la poésie de Paul Éluard.
Regroupant plus de quarante recueils de poèmes, des discours, des préfaces et des articles, elle souligne les liens entretenus par Paul Éluard avec les grands artistes de son temps. Elle raconte aussi, en filigrane, les esthétiques, les tragédies et les espoirs de la première partie du vingtième siècle. Elle est la première à ne pas favoriser l'une des époques d'Eluard au regard d'une autre, et prend la pleine mesure de l'unité et de la pluralité du poète.
Ce volume rassemble des poèmes de Paul Eluard (1895-1952) publiés pendant la Seconde Guerre mondiale, le plus souvent dans la clandestinité sous des pseudonymes tels que Jean du Haut ou Maurice Hervent, dans divers recueils, revues et brochures (dont L'Honneur des poètes, Minuit, juillet 1943 et Europe, Minuit, mai 1944). Ainsi le recueil Poésie et vérité 1942, publié en mai 1942 aux Éditions de la Main à la Plume, et dans lequel figurent " La Dernière Nuit et quelques autres poèmes dont le sens ne peut guère laisser de doutes sur le but poursuivi : retrouver, pour nuire à l'occupant, la liberté d'expression ".
L'un de ces " quelques autres poèmes " est Liberté.
" Et partout en France, écrit Paul Eluard dans la bibliographie du recueil, des voix se répondent, qui chantent pour couvrir le lourd murmure de la bête, pour que les vivants triomphent, pour que la honte disparaisse. "
Cette anthologie commentée est la première à réunir les textes en prose et la poésie de Paul Éluard.
Regroupant plus de quarante recueils de poèmes, des discours, des préfaces et des articles, elle souligne les liens entretenus par Paul Éluard avec les grands artistes de son temps. Elle raconte aussi, en filigrane, les esthétiques, les tragédies et les espoirs de la première partie du vingtième siècle. Elle est la première à ne pas favoriser l'une des époques d'Eluard au regard d'une autre.
Sélection de poèmes pour la St Valentin
Cet ouvrage propose une sélection de poèmes de Paul Éluard (1895-1952) consacrés à la peinture ou dédiés à ses très nombreux amis peintres, ceux qui feront de l'art du 20e siècle ce qu'il est devenu : Picasso, Braque, Miró, Dalí, Man Ray, Léger, Klee, Ernst, Chagall, Magritte (27 sont présents dans ce livre).
«Paul Éluard (1895-1952) est avant tout le poète de ce qu'André Breton appelle les vastes, les singuliers, les brusques, les profonds, les splendides, les déchirants mouvements du coeur. Dans les années 1940, sous une forme d'abord hermétique puis de plus en plus transparente, s'affirme une veine autre, poésie de la Résistance et de la plus large communauté humaine, qui n'annule cependant jamais l'incantation amoureuse. Tout ce parcours est jalonné de textes en prose où s'affirment au fil des années des préoccupations ininterrompues sur la nature de la poésie comme sur ses modes à travers réflexions et citations sur l'art en général et surtout sur l'apport des peintres qu'il aime et qui savent si bien donner à voir». Marguerite Bonnet.
Amoureuses Elles ont les épaules hautes Et l'air malin Ou bien des mines qui déroutent La confiance est dans la poitrine À la hauteur où l'aube de leurs seins se lève Pour dévêtir la nuit Des yeux à casser les cailloux Des sourires sans y penser Pour chaque rêve Des rafales de cris de neige Des lacs de nudité Et des ombres déracinées. Il faut les croire sur baiser Et sur parole et sur regard Et ne baiser que leurs baisers Je ne montre que ton visage Les grands orages de ta gorge Tout ce que je connais et tout ce que j'ignore Mon amour ton amour ton amour ton amour.
«Les expériences auxquelles va se livrer Éluard entre Le devoir et l'inquiétude (1917) et Les dessous d'une vie (1926) n'ont pas pour but d'affirmer l'originalité ou la virtuosité d'un écrivain, d'aiguiser ou de souligner sa singularité, ni de créer un frisson nouveau pour les connaisseurs. Éluard n'est pas non plus à cette époque à la recherche de lui-même, comme on dit. Tout se passe au contraire comme s'il s'était trouvé d'emblée, en même temps qu'il prend congé de Grindel pour adopter le nom de sa grand-mère. La voix la plus éluardienne se fait entendre dès le début, inimitable comme eau de source, effervescente de limpidité, volubiles et lisses vocalises de bulles d'oxygène naissant.»Claude Roy.
«Paul Éluard (1895-1952) est avant tout le poète de ce qu'André Breton appelle "les vastes, les singuliers, les brusques, les profonds, les splendides, les déchirants mouvements du coeur". Dans les années 1940, sous une forme d'abord hermétique puis de plus en plus transparente, s'affirme une veine autre, poésie de la Résistance et de la plus large communauté humaine, qui n'annule cependant jamais l'incantation amoureuse. Tout ce parcours est jalonné de textes en prose où s'affirment au fil des années des préoccupations "ininterrompues" sur la nature de la poésie comme sur ses modes à travers réflexions et citations sur l'art en général et surtout sur l'apport des peintres qu'il aime et qui savent si bien "donner à voir"».
Marguerite Bonnet.
«Je sais parce que je le dis Que mes désirs ont raison Je ne veux pas que nous passions À la boue Je veux que le soleil agisse Sur nos douleurs qu'il nous anime Vertigineusement Je veux que nos mains et nos yeux Reviennent de l'horreur ouvertes pures Je sais parce que je le dis Que ma colère a raison Le ciel a été foulé la chair de l'homme A été mise en pièces Glacée soumise dispersée Je veux qu'on lui rende justice Une justice sans pitié Et que l'on frappe en plein visage les bourreaux Les maîtres sans racines parmi nous Je sais parce que je le dis Que mon désespoir a tort Il y a partout des ventres tendres Pour inventer des hommes Pareils à moi Mon orgueil n'a pas tort Le monde ancien ne peut me toucher je suis libre Je ne suis pas un fils de roi je suis un homme Debout qu'on a voulu abattre» Le travail du poète, VII
Pour vivre ici Je fis un feu, l'azur m'ayant abandonné, Un feu pour être son ami, Un feu pour m'introduire dans la nuit d'hiver, Un feu pour vivre mieux. Je lui donnai ce que le jour m'avait donné Les forêts, les buissons, les champs de blé, les vignes, Les nids et leurs oiseaux, les maisons et leurs clés, Les insectes, les fleurs, les fourrures, les fêtes. Je vécus au seul bruit des flammes crépitantes, Au seul parfum de leur chaleur ; J'étais comme un bateau coulant dans l'eau fermée, Comme un mort je n'avais qu'un unique élément. (1918) [...]
«Le poète est celui qui inspire bien plus que celui qui est inspiré. Les poèmes ont toujours de grandes marges blanches, de grandes marges de silence où la mémoire ardente se consume pour recréer un délire sans passé. Leur principale qualité est non pas, je le répète, d'invoquer, mais d'inspirer. Tant de poèmes d'amour sans objet réuniront, un beau jour, des amants. On rêve sur un poème comme on rêve sur un être. La compréhension, comme le désir, comme la haine, est faite de rapports entre la chose à comprendre et les autres, comprises ou incomprises. C'est l'espoir ou le désespoir qui déterminera pour le rêveur éveillé - pour le poète - l'action de son imagination. Qu'il formule cet espoir ou ce désespoir et ses rapports avec le monde changeront immédiatement. Tout est au poète objet à sensations et, par conséquent, à sentiments. Tout le concret devient alors l'aliment de son imagination et l'espoir, le désespoir passent, avec les sensations et les sentiments, au concret. [...]» Extrait de L'évidence poétique
«Ce nouveau recueil de vingt-sept poèmes inédits en majeure partie marque un moment important dans la vie de l'auteur et dans son oeuvre. Je me suis voulu moraliste, dit-il dans sa préface. Combien de fois ai-je dû me répéter, avec cet entêtement absurde du combattant discipliné : 'Ce qui est mal te fait souffrir ou fait souffrir les autres, mais ce qui est bien est juste et harmonieux et sage, dans tous les sens ; tu le sais, ne ruse pas.' Car ruser avec le bien s'avère toujours plus possible que de conserver son mal. On ruse avec la vie, on ne trompe pas la mort. Mais ce bien et ce mal, quels sont-ils ? Combien de fois ai-je changé l'ordre de ces poèmes, remis au bien ce qui était au mal, et inversement ? Le jour suivait-il la nuit ou la nuit le jour ? Je suis d'humeur changeante, mais ni l'aube pour moi, ni le crépuscule, jamais ne trébuchent. Ils se transforment. Le mal doit être mis au bien. Et par tous les moyens, faute de tout perdre. Contre toute morale résignée, nous dissiperons la douleur et l'erreur. Puisque nous avons eu confiance.» (Bulletin de la NRF n° 30, déc. 1949)
Poète surréaliste, poète engagé, Éluard qui a lutté pour la liberté s'est toujours voulu «un homme parmi les hommes». Sobre, limpide, fervente, sa poésie chante l'amour, le renouveau, le désir. Inégalée, lumineuse, elle est une des plus émouvantes et des plus belles qui soient.
Un classique de la poésie de Paul Éluard pour les enfants La petite Grain d'aile est si légère qu'il lui est facile de sauter dans les arbres pour rejoindre ses amis les oiseaux. Mais ce qu'elle désire par-dessus tout, c'est voler avec eux. Un jour, l'écureuil lui propose de remplacer ses bras par des ailes...