«La coïncidence entre le besoin de projeter ses plus libres fantasmes et, d'autre part, celui d'une technique poétique font de Desnos un poète de la surréalité, et donc de la modernité, en même temps qu'un poète qui se rattache à une tradition, celle des grands baroques. C'est là peut-être l'originalité de cette voix si douée qui, avec ses intempérances et ses turbulences, ses écarts, ses inégalités, mais toujours son intensité, est une de celles qui nous forcent le plus manifestement à reconnaître la présence de cette chose spécifique, irréductible, qui s'appelle la poésie. Au reste, et c'est ce qu'il faut dire encore, cette voix était celle d'un homme chez qui le besoin d'expérimenter sous toutes ses formes le langage poétique, allait naturellement avec celui d'expérimenter la vie sous toutes ses formes aussi ; d'un homme qui était plein de passion, curieux et joueur de tout, courageux, généreux et imprudent ; et qui est mort à quarante-cinq ans, dans les circonstances que l'on sait, d'avoir eu ce goût violent de la vie, et donc de la liberté, et d'avoir voulu le pousser jusqu'à ses dernières extrémités.»René Bertelé.
Robert Desnos comptait parmi les quelques jeunes aventuriers de l'inconnu qui participèrent, en 1922, à de troublantes séances de sommeil éveillé où se notaient sur des papiers de hasard les effets de l'inconscient en fusion. Témoins des visions et fulgurances de ce rêveur forcené, les manuscrits rassemblés dans ce formidable petit livre, qui dormaient dans une boîte en carton du fonds de la Bibliothèque littéraire Jacques Doucet, invitent à une émouvante et vertigineuse plongée dans la mémoire du surréalisme.
Des poèmes inédits de Robert Desnos ont été retrouvés, Desnos, le poète de la liberté et de l'amour, le voyant inspiré, le surréaliste à la fibre populaire ayant joué un rôle si fondamental auprès d'André Breton, le résistant qui trouvera la mort dans le camp de Teresin en Tchécoslovaquie, en 1945.
Ces textes ont été composés en 1936-1937. A cette époque Desnos s'était fixé pour contrainte d'en écrire chaque soir vers minuit. Après avoir pratiqué le journalisme, il consacrait alors beaucoup de temps à la radio, media pour lequel il s'était pris de passion (composant des slogans publicitaires pour Radio-Luxembourg et le Poste-Parisien, écrivant une pièce radiophonique avec son comparse Antonin Artaud sur une musique de Kurt Weill). Mais il s'obligeait, pour rester en contact avec la poésie à écrire un poème « forcé » tous les soirs. Parfois « le poème s'imposait, il s'était construit de lui-même au cours de la journée. D'autres fois le cerveau vide, c'était un thème inattendu qui guidait la main plutôt que la pensée », écrit-il.
On y trouve des bandes de gamins parisiens, Napoléon 1er, le « maréchal Ducono », des « nymphes qui dansent dans des clairières », un drôle d'animal qui « tient de l'arbre et de l'éponge », des faisans et des coqs, l'éclat du soleil et des étoiles, les quais de seine, un brouillard matinal en automne, des souvenirs de la grande guerre alors qu'il était adolescent, l'amour et l'amitié, l'histoire d'un pirate affligé d'un chagrin d'amour, une ode à l'aube naissante (« La lumière qui grandit / n'est pas la même que celle qui meurt. »). Beaucoup d'humour aussi chez cet amateur de farce et de calembours, dans des quatrains rimés où il s'en prend aux gradés, aux prêtres et aux juges.
Certains de ces poèmes ont rejoint le recueil Fortunes, en 1942 d'autre Etat de veille en 1943. Ceux qui n'ont pas été publiés viennent donc d'être retrouvés dans quatre précieux cahiers reliés datant de 1940, à l'occasion d'une vente et de l'acquisition faite par le bibliophile et collectionneur Jacques Letertre. On y découvre l'écriture régulière de Desnos qui s'était appliqué en vue d'une prochaine parution à recopier, corriger quatre-vingt poèmes, complétés par des dessins de sa main. En 1940, Desnos revient à lui-même et se juge, accompagnant d'une ou deux croix les poèmes qu'il trouvait les meilleurs.
A l'époque où il recopie ces poèmes, Desnos rejoint le quotidien Aujourd'hui, qui va bientôt glisser dans la collaboration. De son poste d'observation, il collecte des renseignements pour le réseau de résistance « Agir ». Il mènera ce combat jusque 1944. Dénoncé, arrêté par la Gestapo, Desnos connaîtra la prison de Fresnes, le camp de Compiègne, puis Auschwitz, Buchenwald, Flossenbürg, Floha et Teresin, où, survivant des « marches de la mort », il succombera au typhus. Il n'avait pas 45 ans.
L'auteur de Corps et Biens et de Fortunes, qui jonglait merveilleusement avec le langage et qui était un raconteur d'histoires fabuleuses, aimait écrire pour les enfants. La Ménagerie de Tristan et Le Parterre d'Hyacinthe ont été écrits et illustrés par Desnos à l'intention des enfants de ses amis Lise et Paul Deharme.Robert Desnos pensait que ses courts poèmes pour faire chanter, rire et jouer les enfants seraient, de toute son oeuvre, ceux qui avaient le plus de chance de passer à la postérité.
Ce volume contient : I (1919-1926) Prospectus 1919 Peine perdue C'est les bottes de 7 lieues cette phrase «Je me vois» II (1930-1939) Youki 1930 Poésie Les nuits blanches Bagatelles La ménagerie de Tristan Le parterre d'Hyacinthe La géométrie de Daniel Mines de rien III (1943-1944) État de veille Le bain avec Andromède Sens À la caille Ce coeur qui haïssait la guerre Réflexions sur la poésie Lettre à Youki
Quand il écrit les poèmes de Contrée, en 1942-1943, Robert Desnos tente "d'arriver à une "poétique fine" comme les mathématiciens sont arrivés à des "calculs fins" indispensables en relativité ou en mécanique ondulatoire". Le modèle mathématique le retient d'ailleurs par son exigence du détail exact. En somme, le poème dans sa clôture peut devenir une mécanique de précision dont les pièces sont ajustées minutieusement pour assurer le fonctionnement de l'ensemble.
Le flux verbal que tentait de saisir dans sa continuité l'écriture automatique a fait place à l'assemblage de groupes de vers en attente de trouver leur juste contexte. La forme poétique - sonnet, ballade, ode - est l'horizon d'attente où des fragments surgis indépendamment viennent s'assembler - et révéler leur intime proximité. Quant à Calixto, achevé en septembre 1943, il partage avec Contrée le recours aux formes closes du sonnet et, avec Le Bain avec Andromède, la volonté de donner au recueil une structure d'ensemble qui fasse sens.
Toutefois la mise en ouvre d'une architecture allégorique est appuyée dans Le Bain avec Andromède : Calixto procède de façon plus nuancée, renonçant à toute coupure entre ses différents moments pour privilégier le flux général sur l'autonomie des parties qui ne sont annoncées par aucun titre. D'où, à la lecture du recueil, le sentiment d'un tressage des textes plus que d'une succession nettement ponctuée.
Mais qu'évoque en fait ce titre de Calixto ? Vocable reflet, né du baiser de multiples sources, synonyme de liberté, d'amour et de poésie, image de tout lecteur qui vient s'y mirer, image de Desnos lui-même. "Nymphe prétexte", elle rassemble en son cri la clameur de tous : "Tu, vous, les autres, nous, clames, clamez, clamons..." ; elle est "l'étoile de la terre", accordée au "couple parfait" des "enfants de la terre".
"Passante" en perpétuelle métamorphose, elle traverse le poème sans jamais s'y fixer, car, comme le dit très exactement Desnos : "Ton être se dissout dans sa propre légende".
Postface «Fortunes, qui rassemble les poèmes d'une période de dix ans (les plus récents sont vieux de cinq), me donne l'impression d'enterrer ma vie de poète. Mais, en revanche, à la faveur de l'éloignement, je puis porter sur ces vers un libre jugement. Je ne méconnais point ce qui a vieilli dans les deux premiers poèmes. J'y délimite les déserts qui séparent des passages d'une inspiration plus ardente. Mais, si une image a jamais excusé un défaut, je les comparerai à ces espaces vides où le vent se repose, où les oiseaux grands voiliers suspendent leur course. Une certaine impudeur me gêne encore dans ces textes dont l'architecture tend au grandiose mais se dégage mal d'un brouillard verbal. Une de mes ambitions, en effet, est moins de faire maintenant de la poésie, rien n'est moins rare, que des poèmes dont mes camarades et moi, vers 1920, nous niions la réalité, admettant alors que, de la naissance à la mort, un grand poème s'élaborait dans le subconscient du poète qui ne pouvait en révéler que des fragments arbitraires. Je pense aujourd'hui que l'art (ou si l'on veut la magie), qui permet de coordonner l'inspiration, le langage et l'imagination, offre à l'écrivain un plan supérieur d'activité. Ai-je réussi ? [...] Que ferai-je à l'avenir ? Si tous les projets ne se mesuraient à la longueur de la vie, je voudrais reprendre des études mathématiques et physiques délaissées depuis un quart de siècle, rapprendre cette belle langue. J'aurais alors l'ambition de faire de la Poétique un chapitre des mathématiques. Projet démesuré certes, mais dont la réussite ne porterait préjudice ni à l'inspiration, ni à l'intuition, ni à la sensualité. La Poésie n'est-elle pas aussi science des nombres ?» Robert Desnos.
Dans ce court texte écrit en 1923 pour le collectionneur Jacques Doucet, Robert Desnos fait un état des lieux de la littérature érotique, ou plus particulièrement de la place de l'érotisme et de sa perception dans les écrits depuis l'Antiquité. Il va à l'encontre des conventions et propose une interprétation qui revient sur les légendes et autres préconçus, une interprétation « moderne » qui bouscule les conventions, comme le souligne le titre complet De l'érotisme, considéré dans ses manifestations écrites, et du point de vue de l'esprit moderne. Tout d'abord il propose une définition de l'érotisme avant d'aborder son apparition dans les écrits de façon chronologique en en dégageant des époques et des courants différents. Il s'appuie sur le postulat qu'il y a un avant et un après Sade, et structure son texte en fonction de cet axe central. Ainsi, il aborde des oeuvres (Baffo, Crébillon, Choderlos, Apollinaire, etc.) et fait des recoupements parfois inattendus. Desnos dessine un panorama duquel il dégage une philosophie de l'érotisme et montre une expression poétique de l'amour. Précédant De l'érotisme, le texte de présentation d'Annie Le Brun, Voici venir l'amour du fond des ténèbres, paru pour la première fois dans les Cahier Robert Desnos et dans lequel elle analyse le texte de Desnos, le commente, et va plus loin que Desnos lui-même. Elle poursuit l'entreprise en y inscrivant les oeuvres de ce dernier, ainsi que le cheminement qui a conduit le poète à écrire ce manifeste.
La liberté ou l'amour ! est un texte de 1927 où éclate l'absolu d'une poésie sans complaisance.
Une orchestration verbale complexe produit un récit soutenu par les vagues du délire le plus délibérément accueilli. derrière les aventures de corsaire sanglot et de louise lame se profilent les ombres complices de lautréamont, d'eugène sue et du divin marquis. la revendication majeure du livre est la liberté de l'amour, car l'amour est l'essence même de tout merveilleux. deuil pour deuil, qui complète cet ouvrage, est paru en 1924, l'année même du manifeste du surréalisme.
Là aussi, à travers une histoire au fil sans cesse rompu, c'est le merveilleux qui domine, qu'il s'agisse de " l'étoile de mer qui parle avec l'huître et l'épave " ou d'une " lettre d'amour perdue par le facteur au coin de la rue montmartre et de la rue montorgueil ".
Nouvelles Hébrides, texte qualifié de «roman» par son auteur, fut rédigé en quelques séances d'«écriture automatique» en avril-mai 1922. Texte explosif marquant l'entrée en force de Robert Desnos dans le groupe de Littérature, déjà «surréaliste» sans encore avoir l'estampille officielle du Manifeste de 1924. Se réclamant de l'exemple des Champs magnétiques de Breton et Soupault, Nouvelles Hébrides s'en démarque fortement par l'inspiration et le ton. Le «roman» accumule sans la moindre retenue des scènes érotiques et des aventures scabreuses, un rythme haletant, une libre allégresse emportent ces pages. Dada-Surréalisme 1927 relève d'une toute autre écriture. Ce dossier, élaboré au fil de l'année 1927, répond à une commande de Jacques Doucet, qui cherchait à rester informé de l'histoire du mouvement surréaliste, au moment où Breton et Aragon lui signifiaient abruptement leur rupture à son égard. Publiés pour la première fois en 1978, ces textes sont dans le présent volume précédés d'une préface inédite et suivis de notices augmentées.
Robert Desnos? Le jeune prophète «parlant surréaliste à volonté» (Breton). L'auteur de poèmes d'amour «aussi beaux que ce que vous pouvez connaître de plus beau dans le genre, Baudelaire ou Ronsard» (Artaud). «Le faiseur d'épopées et le poète populaire» (Leiris). Le créateur, pour les enfants de ses amis, de merveilleux albums qu'il illustre lui-même. Le lecteur de Fantômas et des Pieds Nickelés, dont les articles exaltent les pouvoirs de rêve et d'érotisme du cinéma muet et du phonographe, et qui écrit scénarios et chansons. Le pionnier de l'art et de la publicité radiophoniques. L'homme enfin qui, tout en «collaborant» au journal Aujourd'hui, soumis à l'occupant, appartient au réseau de résistance «Agir». Multiple Robert Desnos qui affirmait dès 1923:«Les lois de nos désirs sont des dés sans loisir» et, en 1942:«En définitive, ce n'est pas la poésie qui doit être libre, c'est le poète.»
Il joue avec les mots, invente, jongle avec les images. Magicien de la langue, Robert Desnos sait aussi nous émerveiller et nous émouvoir.
Sont rassemblés ici divers écrits que Robert Desnos a consacrés aux peintres, de 1922 à 1944.
A travers ces textes de fantaisie plus que de théorie se marquent des choix qui évoluent avec le temps. C'est d'abord le surréalisme dans les années 20, avec des variations sur la signature de Marcel Duchamp, un éloge de la vie inventive de Picabia, une traversée du surréel devenu réel par la grâce de Max Ernst, Man Ray et quelques autres. Les textes des années 30 sont essentiellement centrés sur des peintres que notre époque redécouvre : Per Krohg, Tihanyi, Papazoff.
Enfin, à partir de 1940, les oeuvres de Labisse et de Picasso deviennent les références essentielles pour Desnos. Desnos fut aussi dessinateur et peintre à ses heures : les divers dessins qui ornent ce recueil en témoignent.
En présentant pour la première fois dans son intégralité les cinquante-et-un dessins de Robert Desnos crayonnés durant des périodes de sommeil hypnotiques, cet ouvrage accorde toute sa part à la puissance émancipatrice du mouvement surréaliste qui, dans les années 20, voulait s'affranchir des rets de la raison. Au fil des séances, l'extraordinaire expertise avec laquelle le poète entre en hypnose lui donne accès aux profondeurs de la psyché. Essence même du surréalisme, au coeur du rêve, dessins et mots prennent la forme de savantes « équations poétiques ». Reproduite en format réel, on découvre, couchée sur chaque page, une imbrication de signes picturaux et écrits où se lovent, sans pour autant se révéler, les secrets Dans la même collection du subconscient. Selon le mot de Robert Desnos lui-même, « le rêveur assis est emporté dans un nouveau monde auprès duquel la réalité n'est que fiction peu attachante ».
Dans ses souvenirs, André Breton a évoqué la charge émotionnelle et les fulgurances que provoquaient en lui ces dessins : les voici, in extenso, inédits pour la plupart, offerts en partage.
A l'origine de ce texte, un fait divers qui a eu lieu à Saint-Denis en 1928 : une femme est retrouvée coupée en morceaux au bois de Marly. Robert Desnos s'inspire de cette macabre découverte et publie la même année une série d'articles dans«Paris matinal»autour du célèbre Jack l'éventreur.
«Le présent livre essaie, sans que l'auteur croie y être clairement parvenu, de prouver que la question sociale est responsable de la diffusion chaque jour plus grande des drogues, que les intoxiqués méritent d'être rendus à la vie réelle, que les lois de répression actuelles sont absurdes, injustes, néfastes et qu'il importe, avec la collaboration du corps médical, de réformer un code barbare. [...] Dans vingt ans la drogue se sera répandue dans tous les milieux, peut-être même dans les campagnes, et il sera trop tard pour remporter la victoire sur elle.» Robert Desnos.
«Les crimes de Jack l'éventreur excitèrent l'imagination publique et chacun tenta d'interpréter les crimes suivant ses passions.Les antisémites voulurent y voir la marque rituelle des juifs...Les imaginatifs cherchèrent à établir un rapport entre les crimes et les pratiques d'une certaine secte chrétienne russe qui avait des adeptes à Londres et dont l'acte principal est de se mutiler sexuellement. Ils voyaient dans ces éventrations successives une vengeance religieuse contre le sexe coupable du péché originel. On imagina de terribles associations de sadiques opérant en série et jouissant de hautes protections. On supposa aussi que l'assassin occupait une haute position dans la société aristocratique anglaise et que, pour étouffer le scandale, on l'avait purement et simplement exécuté mystérieusement...Enfin les artistes voyaient en Jack l'éventreur un séduisant héros de roman considérant, comme Thomas de Quincey, l'assassinat comme l'un des beaux-arts...» En 1927, dans une série d'articles parus dans le quotidien Paris-Matinal (on est encore à l'âge d'or de la presse popu-laire et du faits divers criminel), Robert Desnos retrace le parcours sanglant de deux grandes figures du crime: Jack l'éventreur, sur lequel, quarante ans après les événements, il fait des révélations pour le moins originales, et Joseph Vacher, considéré comme l'un des tout premiers tueurs en série français. Le texte relatif à ce dernier était resté inédit à ce jour en volume et reparaît ici pour la première fois.
«Sous le titre de Nouvelles Hébrides se trouvent rassemblés les textes en prose, restés inédits ou désormais introuvables en librairie, que Desnos écrivit entre 1922 et 1930. Pourquoi cette coupe chronologique ? C'est qu'elle correspond à l'appartenance - au moins officielle, de Desnos au mouvement surréaliste. Au début de 1922, il rencontre les membres du groupe Littérature et se joint à eux : le lecteur trouve dans la section Dada-Surréalisme le récit de cet épisode initial ; les derniers mois de 1929 et le début de 1930 sont marqués par la rupture de Desnos avec les surréalistes et son exclusion du groupe, aux côtés de bien d'autres. Tenant compte des publications réalisées, des éditions épuisées et des perspectives de recueils futurs, notre parti a été ici de constituer un ensemble de proses 1922-1930, ayant trait à la littérature. Le volume comporte donc deux ensembles inédits : Pénalités de l'Enfer ou Nouvelles Hébrides (1922) ainsi que le dossier Dada-Surréalisme (1927) ; il reprend deux textes épuisés : De l'Érotisme (1923) et La Place de l'Étoile, dan sa version primitive de 1928 ; il rassemble les articles touchant aux questions littéraires, publiés dans diverses revues ou hebdomadaires pendant la période 1922-1930 ; enfin il joint quelques articles traitant de cinéma ainsi qu'un certain nombre de pages restées, à notre connaissance, inédites.» Bulletin Gallimard, août-sept. 1978.
Le cinéma muet, dans ses premières réalisations (Les Vampires, Les Mystères de New York, les films de Charlot et de Buster Keaton), a nourri l'imagination des surréalistes. André Breton exalte son «pouvoir de dépaysement» et Robert Desnos, à son tour, ne cesse d'affirmer la force dépaysante d'un art dont la magie opère à la façon d'une drogue : «parmi les stupéfiants cérébraux, le cinéma devient le plus puissant». De 1923 à 1929, Desnos tint une rubrique cinématographique dans divers journaux, qu'il avait intitulée, en hommage à Victor Hugo, Les rayons et les ombres. Ces articles sur le cinéma ouvrent le présent volume ; viennent ensuite les divers écrits de Desnos pour le cinéma (scénarios, projets divers, adaptations de romans) ; bien peu ont atteint le stade de la réalisation.Les rayons et les ombres, Cinéma témoigne d'une histoire d'amour qui lia plus de vingt ans Desnos au septième art.
Les textes rassemblés dans ce volume passent de sujets légers à des sujets plus graves ou poignants ; leurs dates de composition sont variées. Ils ont été écrits de 1928, date à laquelle «Les Trois Solitaires» ont été publiés dans le journal Le Soir, et «Jack l'Eventreur» dans Paris-Matinal, à 1943, date d'écriture de «La Fea et la Bonita». L'idée de recueillir ces récits, appelés tantôt «contes», tantôt «nouvelles», s'est affirmée en 1943. Desnos envisage différents plans possibles de l'ouvrage, selon les nouvelles qu'il veut y faire figurer. Il s'arrête à vingt textes, et, après avoir essayé quelques titres : La Raison sociale - titre ancien de la première partie d'un roman inachevé, Les Horreurs de l'amour -, puis L'Amour, la fièvre et la colère, qui insiste sur le côté passionnel des récits, il opte finalement pour le titre apparemment moins ambitieux mais à double entente des Jours de noces : jours où, loin «d'être à la noce», on trinque de toutes les façons. Des vingt nouvelles prévues pour Les Jours de noces, huit ont été actuellement retrouvées : elles figurent dans ce volume. Nous leur avons adjoint, sous le titre «La Rue de la Gaîté», d'autres récits dont le ton est proche de celui des textes choisis par Desnos pour son recueil. Enfin, nous republions en une troisième partie les articles consacrés aux crimes sadiques de Jack l'Eventreur.
Soixante-dix ans après la mort de Robert Desnos le 8 juin 1945, au camp de Terezin pour faits de Résistance, ce fac-similé de l'édition originale des Chantefables propose une redécouverte de ces trente petits trésors de fantaisie que les enfants continuent à dire et à chanter « sur n'importe quel air ». On y retrouve bien sûr, la célèbre Fourmi de dix-huit mètres mais aussi Le Pélican ou Le Papillon.
Fini les livres qui tombent ! Bien accrochés à la poussette mais aussi au lit ou à la chaise haute, ce petit livre amusera votre enfant et lui fera découvrir les plaisirs de la poésie enfantine !