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L'Arche
260 produits trouvés
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Pour chacune,Hamlet est le miroir de son propre visage, son destin, son déclin. Ici nous rencontrons la politique et la morale, la liberté et la violence, l'amour et la haine, et l'antagonisme entre la pensée et l'action. La pièce est un polar, et à la fois un drame de famille et une tragédie métaphysique.
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La Mouette est aussi une invitation à vivre libre, à tracer des lignes qui sortent du cadre étroit où la société veut nous enfermer.
Grand format 10.00 €Indisponible
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Directement inspirée de L'Opéra des gueux de John Gay, L'opéra de quat'sous est la pièce la plus célèbre de Brecht, créée en 1928 à Berlin et mise en musique par Kurt Weill. En rupture avec la tradition de l'opérette légère du début du xxe siècle, la pièce connaît rapidement un succès retentissant. Sa portée politique, à l'aube du grand krach boursier de 1929, est novatrice : Brecht y prend pour sujets la pègre et les classes populaires. Peachum, roi des mendiants monnayant la pitié des gens, et Mac-la-Lame, sordide criminel inspiré par Jack L'Éventreur, s'affrontent dans une Londres immorale. Lorsque Mac dérobe la fille de Peachum pour l'épouser et l'exploiter à ses fins, la guerre des gangs est déclarée. Prostituées, clochards, voleurs et policiers véreux tentent de tirer leur épingle du jeu.
Tout au long du xxe siècle, la chanson Mack-the-Knife tirée de la pièce a inspiré de nombreux interprètes de jazz comme Louis Armstrong et Ella Fitzgerald.
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Sur une île ravagée par le passage d'une tempête, par l'oppression sociale et la misère, un choeur de femmes veille sur la plage, dans un camp de fortune. Près d'elles, une grotte où vit Philoctète, abandonné dix ans auparavant. Il survit tant bien que mal à la douleur que lui inflige sa blessure, taraudé par le sentiment d'injustice et les symptômes d'un stress post-traumatique.
Quand Ulysse débarque sur la plage accompagné d'un jeune soldat, c'est une invitation à partir qui est offerte à Philoctète - mais l'espoir se drape de mensonge.
Cette réécriture du mythe de Philoctète donne un nouveau souffle à ces personnages blessés dans la tourmente d'une vie contemporaine, par cette langue mythique déjà présente dans Les Nouveaux Anciens ou Étreins-toi. Tempest met ici les masculinités mortifères de Sophocle en échec : si la pièce antique encensait la gloire guerrière et l'intervention divine, Paradis se concentre sur l'humain contemporain en proie à des remises en question écologiques et sociales, et des politiques d'immigration violentes et inhumaines. Entre l'arc magique d'Hercules et l'écran plat, les soldats pleurent enfin leurs pertes. -
Écrit en 2021, Vent fort marque le retour de Jon Fosse au théâtre, après dix années consacrées à la Septologie, son roman-monstre. « Je n'avais jamais écrit comme ça. Je dirais que c'est un rêve que j'ai mis sur le papier, avec une dimension cauchemardesque. » (Jon Fosse, Écrire, c'est écouter : entretiens avec Gabriel Dufay, 2023, L'Arche)
Trois voix traversent ce poème scénique, se parlent sans toujours s'entendre. Comme surgi du passé, l'Homme rentre chez lui après une longue absence. Il se retrouve dans un nouvel appartement, où la Femme a déménagé. Un Jeune Homme les interrompt, en rentrant chez lui. Autour de cet étrange triangle amoureux, temps et espace se désagrègent. Dans leur appartement au quatorzième étage, le vent souffle et la fenêtre tombe lentement dans le vide. Poème sur l'amour et la solitude, mais aussi sur le temps et le mystère de l'existence, Vent fort nous amène à des présences au-delà du réel. -
Dans la plus célèbre pièce de Luigi Pirandello, créée à Rome en 1921, le théâtre se regarde dans le miroir et se prend pour fable. L'intrigue est simple : une troupe théâtrale en pleines répétitions est interrompue par six personnages à la recherche d'un auteur pour écrire leur histoire. Ils remettent en question le jeu des comédiens et s'emparent de leurs propres rôles, ravivant l'éternelle friction entre imitation et réalité, au nom d'une prétendue vérité du réel par rapport à sa mise en fiction. Dès lors, tout se mélange. Et si les apparences n'étaient pas si trompeuses ? L'art serait-il plus vrai que la vie ? Près de cent ans plus tard, le chef d'oeuvre de Pirandello n'a rien perdu de l'acuité de son regard sur le monde et sur l'art.
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La résistible ascension d'Arturo Ui
Bertolt Brecht
- L'Arche
- Scene Ouverte
- 11 Septembre 2012
- 9782851817938
Chef minable d'une bande de gangsters du Bronx, Arturo Ui parvient à s'imposer par la terreur comme « protecteur » du trust du chou-fleur à Chicago. Il réduit au silence un politicien corrompu, Hindsborough, fait éliminer par Gori et Gobbola, ses séides, un homme de main à lui, assassine le patron du trust des légumes de Cicero, la ville voisine, et séduit la veuve de celui-ci, quasiment sur le cercueil de la victime. Le résultat est que l'on vote partout pour lui, tant à Cicero qu'à Chicago. D'autres crimes et d'autres conquêtes suivront. Rien n'arrêtera Arturo Ui, hormis les peuples, qui finiront par en avoir raison. « Mais il ne faut pas nous chanter victoire, il est encore trop tôt : le ventre est encore fécond, d'où a surgi la bête immonde. »
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Pourquoi Gaston Monnerville n'est-il pas devenu président de la République française ? Pourquoi cet homme politique, président du Sénat de 1959 à 1968, est-il si mal connu dans son propre pays ?
Et pourquoi, pour les femmes noires dans la France d'aujourd'hui, tout va très bien, tout sauf les relations avec la gent masculine au travail, tout sauf les tensions sourdes avec les collègues femmes, et pourquoi ça ne marche pas et pourquoi ça ne va pas s'améliorer ?
Léonora Miano consacre son premier texte pour le théâtre à la présence noire dans la France d'aujourd'hui. En partant d'une série d'histoires personnelles, In-tranquilles - la première partie du recueil - nous plonge dans l'intimité de ces personnages afropéens. D'où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ? Ces voix, parfois ces cris, on les retrouve dans Femme in a city - la seconde partie - où elle rapporte les tribulations de femmes noires et françaises en quête de justice, d'égalité et d'amour.
Pour Léonora Miano, on écrit " en raison d'une certaine tournure d'esprit et parce qu'on y est poussé ". C'est la nécessité de faire entendre des cris étouffés, de rendre audibles des paroles proscrites, qui la pousse aujourd'hui à nous livrer ces Écrits pour la parole. Léonora Miano nous tend un miroir qui avait perdu son tain et qui, par elle, le retrouve. Elle est l'auteur de six romans édités chez Plon, récompensés par de nombreux prix.
Grand format 12.00 €Indisponible
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On avait toujours dit que les astres étaient fixés sur une voûte de cristal pour qu'ils ne puissent pas tomber.
Maintenant nous avons pris courage et nous les laissons en suspens dans l'espace, sans soutien, et ils gagnent le large comme nos bateaux, sans soutien, au grand large. et la terre roule joyeusement autour du soleil, et les poissonnières, les marchands, les princes, les cardinaux et même le pape roulent avec elle.
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Rêve d'automne : Dors mon petit enfant ; Et jamais nous ne serons séparés ; visites
Jon Fosse
- L'Arche
- Scene Ouverte
- 3 Décembre 2021
- 9782381980249
Un cimetière à la fin de l'automne. Un homme et une femme se croisent sur un banc. On devine une relation amoureuse passée - ou à venir ? Autour d'eux tout le monde s'affaire, s'agite, le temps semble s'accélérer, toujours en suspens. Que s'est-il passé ? Des fantômes ou flottements de présences nichés dans les souvenirs, qui évoquent ces « voix des limbes » dont parlait Jacques Lassalle.
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Et la nuit chante ; un jour en été ; variations sur la mort ; hiver
Jon Fosse
- L'Arche
- Scene Ouverte
- 3 Décembre 2021
- 9782381980263
Au centre de Et la nuit chante, un couple : lui passe son temps à lire, allongé sur un canapé et voit passer sa carrière d'écrivain qui s'effiloche ; elle désire une autre vie et cherche à s'évader de cette médiocrité du quotidien. Ils ont un bébé et les parents du jeune homme viennent voir leur petit-fils, mais disparaissent aussitôt arrivés. Une nuit, alors qu'elle est sortie en ville, le jeune homme regarde par la fenêtre et attend son retour. L'aurait-elle quitté pour de bon ? La pièce a été adaptée à l'écran par Romuald Karmakar en 2004
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Dans le folklore mystique juif, un dibouk est un esprit errant prenant possession du corps de quelqu'un d'autre, coincé entre le monde des morts et celui des vivants. Dans cette pièce, grand classique du répertoire yiddish, An-Ski met en scène une communauté religieuse de l'empire tsariste confrontée à la possession d'une jeune fille. Hanan, jeune élève de l'école talmudique qui étudie la Cabbale en secret, meurt quand il apprend que Léa, à qui il se destinait, va se marier à un autre. Quelques mois plus tard, le jour du mariage de Léa, Hanan transformé en dibouk entre dans le corps de la jeune fille pour empêcher ce mariage. Pour la libérer, un jugement devra avoir lieu, opposant les vivants et les morts.
Entre le divin et le profane, entre deux mondes, Le Dibouk nous parle des héritages religieux, des regrets intimes et des croyances. Comment vivre paisiblement avec les morts ? Pour libérer leurs esprits, il faut avant tout leur rendre justice.
Cette version du texte, établie en 1957 d'après la version hébraïque de Haïm Nachman Bialik (pour le théâtre Habima) et d'après l'original yiddish, a été publiée en 1957 à L'Arche dans la collection « Répertoire pour un théâtre populaire », aux côtés de Tchekhov ou de Goldoni.
À l'occasion de l'exposition au musée d'Art et d'Histoire du judaïsme cet automne, L'Arche réédite cette pièce devenue introuvable pour refaire vivre ce mythe fascinant. -
L'opéra de Quat Sous ; la bosse ; le procès de quat'sous
Bertolt Brecht
- L'Arche
- Scene Ouverte
- 16 Juin 2023
- 9782381980546
L'Arche vous propose des Grands Formats pour traverser une oeuvre dramatique en plusieurs tableaux. Ce volume comprend : une nouvelle traduction de L'Opéradequat'sous, assortie de commentaires de l'auteur, un scénario de cinéma LaBosse(tiré de la pièce et adapté par Pabst), et des écrits théoriques sur le cinéma dans lesquels Brecht dénonce la destruction de son oeuvre par le passage de la pièce au film, qui aurait dû lui aussi « commettre l'attentat contre l'idéologie bourgeoise ».
Directement inspirée de L'Opéradugueuxde John Gay, L'Opéradequat'sousest une comédie musicale, créée en 1928 à Berlin puis en 1933 à Broadway. Elle est publiée en France pour la première fois en 1959 dans les volumes complets à L'Arche. En rupture avec la tradition de l'opérette apolitique du début du 20e siècle, la pièce connaît rapidement un succès retentissant (« la folie des quat'sous ») qui ne fléchira jamais.
La portée politique subversive de la pièce de Brecht, à l'aube du grand krach boursier de 1929, rompt avec les conventions de l'opérette. S'y affrontent Jonathan Jeremiah Peachum, roi des mendiants monnayant la pitié des gens, et Mackie-le-Surineur, figure inspirée par Jack L'Éventreur et des poèmes de François Villon, et sordide criminel. Lorsque celui-ci dérobe l'innocente fille de Peachum pour l'épouser et l'exploiter à ses fins, la guerre des gangs est déclarée. Prostituées, clochards, voleurs et policiers véreux tentent de tirer leur épin le du jeu. Sur la partition originale de Kurt Weill, l'oeuvre connaît dès sa création un immense succès en Europe. -
Fille d'amanitore ; que mon règne arrive
Léonora Miano
- L'Arche
- Scene Ouverte
- 20 Janvier 2023
- 9782381980508
Ample fresque historique embrassant mythologie et monde contemporain, Fille d'Amanitore dépeint l'articulation de la beauté et la brutalité propre au monde des humains, au travers de récits de vie de femmes d'aujourd'hui, filles et mères, en des mondes où se mêlent demeure ancestrale des divinités, terre des humains et le no man's land d'Amanitore, la candace à la mémoire oubliée. Léonora Miano invite à repenser le fondement divin du désir, réinterroge la puissance de la filiation féminine, et le poids des non-dits dans la transmission mère-fille. Et que mon règne arrive est une exhortation à la reconquête de leurs mémoires et leur par des femmes subsahariennes, pour les affranchir du discours bien-pensant de la « sororité planétaire », autre leurre du féminisme européocentré. Dans cette proposition pour affranchir la femme subsaharienne de toute forme de domination, coloniale et masculine, Léonora Miano l'inviter à habiter ses spiritualités, et orchestre le règne du féminin dans le monde par la voie africaine.
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Grand-peur et misère du IIIème Reich
Bertolt Brecht
- L'Arche
- Scene Ouverte
- 15 Octobre 2014
- 9782851818447
Sous le nazisme, la peur et la misère affectaient toutes les couches de la société allemande, l'intelligentsia, la bourgeoisie, la classe ouvrière. Il y a certes le courage de la poignée de militants qui, au mépris de tous les dangers, publient une littérature illégale. Mais il y a aussi la capitulation, face à la terreur, d'une trop grande part de l'intelligentsia. C'est ce qu'a voulu montrer Brecht, d'abord à ses compatriotes exilés, autour des années 1938, en écrivant la trentaine de courtes scènes, inspirées de la réalité même, de Grand-peur et misère du IIIe Reich.
La pièce naît en 1934 de la volonté de Brecht et de Margarete Steffin, de rassembler un matériau composé de coupures de presse et de témoignages sur la vie quotidienne en Allemagne sous la dictature hitlérienne. Le titre fait allusion au roman Splendeurs et misères des courtisanes de Balzac, et inscrit donc la pièce dans une lignée de peintures naturalistes de la société allemande de l'avant-guerre, brossant un large tableau allant du monde ouvrier à la magistrature en passant par la petite bourgeoisie.
La création de huit scènes aura lieu en mai 1938 à Paris devant un public essentiellement composé d'émigrés. Certaines scènes seront également publiées dans des revues d'émigrés visant à alerter l'opinion publique sur la réalité de la dictature en Allemagne et signalant le danger d'une guerre imminente. On y voit tour à tour la bourgeoisie, le corps médical, la justice, les enfants, les prisonniers, etc. évoluer face au régime.
Ce n'est cependant qu'après la Seconde Guerre mondiale que la pièce rencontre son succès, car elle montre, comme le disait Brecht lui-même, " la précarité évidente du IIIe Reich, dans toutes ses ramifications, contenue uniquement par la force ".
Aujourd'hui encore, Grand-peur et misère du IIIe Reich résonne comme un avertissement contre toute forme de système absolu et reste l'un des textes clés du vingtième siècle et au-delà. C'est un manifeste qui invite à lutter contre toute forme politique basée sur la discrimination et sur la crainte.
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Dans Jeune fille sur un canapé, présent et passé se confondent. Une femme peint un portrait d'elle-même plus jeune, assise sur un canapé. De là surgit un cortège de figures hantées par leurs souvenirs. Des scènes de jalousie et de défiance se succèdent, entre mère et soeurs. Cette toile, miroir illusoire d'une jeunesse éternelle ou exutoire d'une enfance meurtrie, revêt une étrange puissance.
Dans un espace onirique habité par des voix, Ces yeux de´vide l'écheveau de souvenirs d'un Homme et d'une Femme, invités par une ombre, devenus vieux, à la rejoindre dans son royaume. Présence sonore obsédante, ces voix habitent le monde sans jamais le quitter. -
Déjeuner chez Wittgenstein ; minetti ; les apparences sont trompeuses ; simplement compliqué
Thomas Bernhard
- L'Arche
- Scene Ouverte
- 6 Octobre 2023
- 9782381980584
Ce volume illustre la relation acerbe et ambivalente qu'entretenait l'auteur viennois avec la profession de comédien et l'art dramatique en général, le plus proche de la folie, un art entre mascarade et aliénation.
Miroir de lui-même et figure repoussoir, l'acteur cristallise toute la haine féroce que Bernhard vouait au monde théâtral, un monde haïssable de faux semblants, de culte du pouvoir, métaphore de la société de l'époque et de la nation autrichienne. Dans Déjeuner chez Wittgenstein, Voss, alter ego de Ludwig Wittgenstein, oscille de façon permanente entre folie et génie. Considérée comme l'une des pièces les plus violentes, les plus assassines de Bernhard, elle est également caractérisée par plusieurs évocations de Schopenhauer qui partageait la même authentique aversion pour l'esprit de sa nation, pour la « lourdeur » germanique. L'excès frôle la jubilation et la virulence hargneuse ne faiblit jamais, que l'on y parle des symphoniques de Beethoven ou de viandes en sauce. La langue bernhardienne se fait obsédante, obsessionnelle, répétitive, monstrueuse, portée par des locuteurs avoisinant constamment la solitude et la folie. Dans leur bouche, la décomposition du discours se dévoile comme un moi qui se dissout, laissant entrevoir une vaste béance de désespoir -
Manque est un texte duquel la violence physique, si caractéristique d'Anéantis ou de Purifiés, est absente. Quatre voix dont l'identité n'est pas clairement définie parlent respectivement entre elles et à ceux qui les écoutent. La lecture de Preparadise sorry now de R.W. Fassbinder est à l'origine du projet. Les ressemblances avec La Terre vaine de T.S. Eliot sont patentes, du moins sur le plan poétique, car le texte est truffé d'allusions et de citations, sans que Kane ait voulu les identifier. Quant au sujet, les voix qui déversent leurs sensations dans un torrent d'impressions, de souvenirs et de désirs sont à l'image de l'idée que Sarah Kane se faisait de l'amour : dès que deux personnes forment une relation, une sorte de colonisation prend place et l'une d'elles risque d'être abusée par le pouvoir que l'autre exerce sur elle.
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Ravissement de Lucy Kirkwood interroge les faits et les conspirations à l'heure des réseaux sociaux, des fake news et de l'éco-anxiété.
Celeste et Noah, deux jeunes Britanniques, se rencontrent lors d'un rendez-vous arrangé et tombent amoureux. Très vite, ils se rendent compte qu'ils sont sous surveillance. Alors qu'ils se filment et diffusent sur YouTube des vidéos politiques pour révéler les mensonges du gouvernement, la paranoïa et l'angoisse s'invitent dans leur quotidien et gangrènent peu à peu leur vie. N'arrivant plus à faire confiance à personne, ils s'isolent, jusqu'à une fin tragique.
La pièce se présente sous la forme d'une reconstruction postmortem, l'autrice Lucy Kirkwood (ou plutôt, un personnage nommé Lucy Kirkwood) étant présente sur scène pour montrer au public des vidéos diffusées sur internet après leur mort, prouvant qu'ils étaient filmés depuis le début de leur relation - et que la paranoïa est parfois justifiée.
Questionnant la vérité, la manipulation et la peur, Ravissement s'écrit sous le signe du doute et de la remise en cause. Comme le dit Céleste : « Ce n'est pas réel, mais c'est vrai. » Selon les voeux de l'autrice, la pièce doit être annoncée sous un faux titre et un faux nom pour toute production sur scène (au Royal Court :
That is not who I am de Dave Davidson). D'emblée, la dissimulation et le mensonge sont donc au coeur du projet. Pour la production de Chloé Dabert, la pièce sera annoncée sous le titre Rapt par Lucie Boisdamour. -
En 1964, Peter Weiss suit le procès de Francfort, où comparaissent plusieurs responsables du fonctionnement du camp d'extermination d'Auschwitz : des officiers SS mais aussi des Kapos, détenus affectés par les nazis à la surveillance et aux sanctions disciplinaires envers les autres prisonniers. Très largement médiatisé, ce procès suscita de vives controverses concernant la responsabilité des prévenus et leur complicité pour meurtre. Nombreux sont ceux qui nièrent leur responsabilité, estimant avoir été les rouages d'un système de guerre, ne faisant là que « obéir aux ordres ».
À travers le strict exposé des faits, Peter Weiss raconte l'organisation criminelle dans les moindres rouages de cette machine de mort administrée par le Reich, de la déportation à l'élimination des détenus, par privations, épidémies, expériences cliniques mortelles, injections létales, fusillades, empoisonnement au gaz Zyklon B et crémation dans les fours. Évitant l'écueil de la reconstitution historique, Weiss livre un discours dépouillé à partir des témoignages et des articles de presse, radicalisant le geste du théâtre documentaire. -
Je suis le vent ; les jours s'en vont
Jon Fosse
- L'Arche
- Scene Ouverte
- 26 Novembre 2010
- 9782851817327
L'Un et L'Autre sont à bord d'un bateau imaginaire. On devine en filigrane Homère, les îles grecques, la Méditerranée. Cette mer toujours présente dans Je suis le vent est à l'image de la vie et de la mort, complices inséparables. Sur le pont, les personnages bégaient, s'essoufflent, s'interrogent et nous interrogent. Comment parler de l'absence sinon sur le mode de l'ellipse ?
Les jours s'en vont évoque cet instant ténu qui succède au sommeil et précède la conscience. Entre passé et présent, entre la vie et la mort, notre existence serait-elle différente si nous avions suivi une autre option ? Sur scène, une déambulation de couples multiplie les possibilités, les équations. Un landau passe. Improbable ballet. Les héros sont réduits à l'essentiel : l'écoulement du temps. Jon Fosse sait donner à ses textes une étrange tonalité qui n'appartient qu'à lui. Ces deux pièces se construisent sur un enchaînement musical de relations, elles sont dans la vie : le présent y est traversé par le passé et le futur, dans le flux et le reflux de la parole. Ses pièces ont été représentées dans plus de neuf cent mises en scène à travers le monde et sont traduites, de l'albanais au tibétain, dans une quarantaine de langues.
Les jours s'en vont a reçu le prix du théâtre nordique en 2006 et Je suis le vent sera créé en avril 2011 au Théâtre de la Ville (Paris), en partenariat avec le Young Vic de Londres, dans une mise en scène de Patrice Chéreau.
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Sismographe d'une génération à la dérive, Fracassés oscille entre rage de vivre, lutte et désespoir.
À Londres, trois jeunes gens, Ted, Danny et Charlotte se battent pour donner un sens à leur existence.
Solitude et sentiment d'aliénation s'adossent à des conditions de vie précaires et une morosité du quotidien.
Tous trois restent fortement éprouvés par la mort de leur ami Tony, survenue dix ans plus tôt.
Prisonniers de jobs insatisfaisants et de vies étriquées, ces quadragénaires sombrent dans une fuite en avant qui les absorbe et leur fait perdre la raison.
Le jour de l'anniversaire de la mort de Tony, ils décident de se retrouver le temps d'une soirée pour faire le bilan et se donner un nouvel élan.
Monologues intérieurs, scènes chorales, slams et scènes dialoguées au réalisme brut s'entremêlent avec un réalisme social des plus violents où les rêves de jeunesse se fracassent, les désillusions tournent en addictions.
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Les deux pièces de ce recueil font s'entrelacer l'amour et la famille, entre dystopie futuriste et quotidien très réaliste. Chez Kelly, les relations familiales suffocantes sont symptomatiques d'un monde au bord de l'effondrement.
Dans Together, un couple se retrouve confiné avec son enfant. L'explosion est proche. Dans cette cohabitation forcée en temps de pandémie, chacun met à l'épreuve son passé, sa vision du couple et de la famille, ses perspectives de vie. Avec un goût prononcé pour la satire sociale, sans jamais sombrer dans la caricature, Kelly raconte cette frontière humaine toujours ténue entre l'amour et la haine...
En écho inversé à la cellule familiale implosive de Together, le deuil envahit le cercle familial de La Regression, à la naissance d'Aube. Au terme d'une grossesse assistée par de multiples interventions scientifiques, Cath perd la vie après l'accouchement. Ivre de chagrin, le père s'interroge : pourquoi ne pourrait-on pas arrêter la marche de l'histoire, faire marche arrière et désapprendre ? Ce qui n'était au départ qu'un cri du coeur va se transformer, au fil de cinq générations, en un mouvement radical, nommé Régression, dont le but sera l'éradication pure et simple d'un monde trop évolué et ses artefacts scientifiques et technologiques, au profit d'un retour à l'état de nature. La dystopie de Kelly nous interpelle : dans quelle mesure une telle régression pourrait-elle rectifier les errances humaines ?
Que serait alors l'amour ? -
De 1618 à 1648, la guerre de Trente Ans a dévasté l'Europe. Pour Brecht, cette guerre est " l'une des premières guerres gigantesques que le capitalisme a attirées sur l'Europe. " Mère Courage reconnaît l'essence mercantile de cette guerre : elle suit les armées avec sa carriole de marchandises et fait de bonnes affaires. " Tout au long de la pièce, Mère Courage a les yeux collés, elle n'arrive pas à le voir ; pour elle, le négoce est extensif à la guerre, la guerre est contingente au négoce. " (Roland Barthes) Mais cette marchande a aussi des enfants, et c'est là que la bât blesse et que la dialectique passe à l'attaque.
Brecht écrivit Mère Courage en exil, à l'automne 1940, à une époque où le peuple allemand était aussi peu capable que Mère Courage de tirer les leçons de ses malheurs et de surmonter ses contradictions. Mais aujourd'hui, les Mère Courage ont-elles disparu ?
La mise en scène de la pièce par Brecht en 1949, avec le Berliner Ensemble, a pour la première fois fait connaître concrètement au public, et avec un immense succès, le théâtre épique et dialectique, tel que Brecht l'avait conçu pendant son exil.
À la fin de ce volume, le lecteur trouvera des textes de Brecht éclairant Mère Courage sous cet angle.