Juvénal (60-140) se plut à opposer la dépravation de son temps aux moeurs plus chastes et droites des Romains de la République. Après s'être voué d'abord à la rhétorique, cet ami de Martial commença en effet à composer des satires vers l'âge de quarante ans, lorsque la chute de Domitien, puis le règne de Trajan et surtout d'Hadrien lui permirent d'exprimer le fond de son coeur en dénonçant surtout les abus dont il était témoin dans un art partagé entre le réalisme et l'outrance, l'emphase déclamatoire et la concision du proverbe. Juvénal fut poète politique, doublé d' un véritable philosophe et d'un moraliste d'inspiration stoïcienne.
Son oeuvre est un peu plus importante que celle de Perse : seize satires, dont les premières attaquent des travers précis et dont les dernières développent des thèmes moraux plus généraux. Ainsi la troisième satire évoque les embarras de la Ville, la sixième les femmes, la huitième les nobles ou la dixième les voeux...
Cette nouvelle traduction permet d'apprécier la souplesse de la composition des Satires en même temps que leur véhémence, tout en parachevant le travail entamé par Olivier Sers avec La Fureur de voir (Belles Lettres, 1999) et sa nouvelle traduction, très remarquée, dans la même collection, du Satiricon de Pétrone (2001).